Etre ou ne pas être femme au foyer
Telle est la question, me direz-vous. Question qui ne se pose d’ailleurs pas tant que les enfants ne sont pas là. Les avis sont plutôt tranchés : « parce que c’est ce qu’il y a de mieux pour mes enfants », « parce que je veux être une femme indépendante ».
Bref, avant que l’enfant ne paraisse, la posture est idéologique mais au fond, peu devinent qu’il s’agit là d’un véritable choix, cornélien bien souvent.
D’un point de vue politique ou philosophique, je suis pour que la femme ait une activité professionnelle, lui procurant des revenus propres.
D’une part, pour des raisons familiales, le spectre de la femme élevant seule ses enfants plane sans cesse dans mon esprit et me laisse penser qu’il est bon dans ce cas de ne pas mettre toutes les billes dans le même panier.
Ensuite, beaucoup de vieilles dames de mon entourage, ayant élevé leurs enfants, tremblent à l’idée de ne toucher que la très faible pension de reversion de leur époux à la disparition de ce dernier. Si certains ont pu constituer un petit patrimoine mettant leur compagne à l’abri du besoin, qu’en est-il des plus modestes ? Comment vit-on avec moins de 1000 € par mois quand on doit financer une maison de retraite, des soins ou une aide ménagère ? Il y aurait sans doute long à dire sur la solidarité nationale vis à vis des personnes âgées et en particulier la baisse au 1er janvier 2007 du montant de l’allocation de solidarité, ancien minimum vieillesse. Est-ce ainsi que l’on remercie les femmes qui ont éduqué leurs enfants ? N’ont-elle pas le droit à un petit peu de reconnaissance de la société ?
Je ne crois pas à la théorie affirmant que ces mamans aux foyers ne coûtent pas cher socialement. Certes, elles permettent à d’autres mamans de travailler en libérant des places en crèches, en libérant des emplois mais l’économie réalisée là est dépensée dans cette pension de reversion ou ce minimum vieillesse, dans les allocations qui sont la conséquence parfois d’un seul revenu familial, dans la non création de richesses économiques. A mon sens d’un point de vue financier, l’opération est nulle.
Alors à défaut d’être payées pour le travail accompli à la maison – bien souvent les femmes travaillant cumule emploi rémunéré et aussi tâches domestiques- ne pourraient-elles bénéficier d’un régime de retraite adapté ? L’idée a bien effleuré certains candidats à l’élection présidentielle mais les femmes au foyer ne semblent plus être désormais un sujet d’actualité.
La société n’est pas seule responsable de ce manque de reconnaissance : la reconnaissance, le respect du travail accompli commence au sein même du foyer …Suivez mon regard…
Parce que c’est facile de passer pour le premier de la classe aux yeux de son patron en étant sur le pied de guerre de 8 heures à 20 heures, c’est facile de ne pas avoir à penser à aller acheter des couches pour le petit dernier entre midi et deux, c’est facile de retrouver ses chemises parfaitement amidonnées dans sa penderie, c’est bon de dîner de petits plats équilibrés et d’éviter l’attente au sushi bar du quartier. C’est facile, c’est agréable… mais c’est uniquement grâce à ELLE. Qu’on se le dise.
Non, je ne sortirai pas ma bannière du MLF et, en dépit du profond dégoût qu’il m’inspire, je ne mettrai pas la tête d’Eric Zemmour sur une pique. Les hommes sont ce qu’ils sont, à nous de les aider un peu peut-être ?
Et puis, il y a des femmes qui choisissent délibérément d’élever elles-mêmes leurs enfants, parce que pour elle, la vie ne se conçoit pas sans voir pousser jour après jour ceux qu’elles ont portés pendant neuf mois. Sont-elles si nombreuses qu’elles le prétendent ? Si on omet celles qui agissent ainsi parce qu’elles ont été élevées dans cet esprit, celles dont le salaire trop bas (un autre débat là aussi) passe en frais de garde et de transport, en reste-il beaucoup ?
La femme qui a un travail déclaré ne pourrait-elle, elle aussi bénéficier d’un peu plus de confort ? Oh pas grand chose : un salaire décent (Et pourquoi pas tiens, un salaire égal à celui de son homologue masculin ! J’en demande trop ? Bon…), une solution pour faire garder ses enfants et un soutien franc et massif en terme de domesticité. Suivez mon regard…
Bref, la route est longue…
Pour revenir au sujet qui m’intéresse, à savoir les mamans aux foyer, je les envie un peu (quand c’est un choix fait en conscience) et les admire, beaucoup. Ce choix là, il n’est pas toujours facile de l’assumer matériellement mais aussi psychologiquement.
Mais c’est aussi le choix d’accompagner pas à pas ses enfants vers l’autonomie et de leur donner les clefs et les valeurs essentielles pour réussir leur vie.
Avoir une activité professionnelle ne signifie pas non plus d’abandonner l’éducation de ses enfants à une autre personne en échange d’un salaire et d’une reconnaissance sociale. Mais le fait est là, quand on travaille, un certain nombre d’évènements nous échappent et sont parfois source de frustrations pour les mamans.
Cela dit, les papas ne connaissent-ils pas ces frustrations, eux aussi ? Si je veux bien admettre une différence entre les hommes et les femmes, cette dernière est-elle au point que les pères supportent mieux de ne pas élever eux-mêmes leurs enfants ? Pourquoi la question de rester à la maison ou de travailler ne se pose-t-elle jamais pour les hommes ?
Si ce choix cornélien était partagé par les pères de familles, les femmes ne trouveraient-elles pas plus facilement la solution la plus équilibrée pour elles et leurs enfants, sans culpabilité, ni regret ?
Voilà, sur cette question, je pars en vacances, bonnes fêtes de fin d’année !