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C'est ni fait, ni à faire!
9 mai 2007

Game Over

Quand on vient de perdre une élection, quand on doit se rendre à l'évidence, des pensées confuses se bousculent dans nos petites têtes de militants.
On verse une petite larme à l'annonce des résultats, puis on va boire la coupe jusqu'à la lie et écouter l'annonce des résultats officiels à la mairie. On échange des regards de cockers battus avec d'autres camarades d'infortune, soulagés que ce soit terminé et amers de ne pas avoir été compris.
On se tape sur l'épaule, on s'étreint, on s'encourage, on se rassure comme on peut, encouragés par nos élus, par les plus aguerris, habitués aux défaites. On se sent "pouilleux", marginaux, nuls et comme tout bon socialiste qui se respecte, on se libre à notre activité favorite : l'autoflagellation.
Dans ce rassemblement pathétique, on réalise que malgré tout, dans notre arrondissement, la candidate que nous avons défendue becs et ongles, parfois dans la plus grande abnégation, comme de bons petits soldats, que nous ne sommes pourtant pas toujours -il n'y a qu'à voir notre capacité formidable à nous chamailler pendant des heures transformant nos réunions en une caricature d'un célèbre petit village gaulois- est arrivée largement en tête. Je préfère croire que cette "victoire" locale est due à notre mobilisation, à notre travail sur le terrain plutôt qu'à un quelconque particularisme social. On se dit que l'on devrait faire secession ou demander l'autonomie de notre arrondissement.

On se dit que les "Français sont des veaux", et puis on réalise que l'on a sans doute une part de responsabilité dans cet échec,
On se dit que les valeurs de notre République disparaissent, on se console en se disant qu'à titre personnel, on va payer moins d'impôts,
On se dit avec du recul que la gauche, et le PS en particulier, étaient les boucs émissaires de bien des frustrations alors qu'au fond, sur les 42 premières années de cette Vème République, la gauche ne fut au pouvoir que 15 ans, cohabitations comprises, ce qui ne suffit pas à porter seuls la responsabilité de la situation actuelle du pays,
On remarque qu'il y a beaucoup de déçus de la gauche, mais jamais de déçus de la droite, bizarrement. Peut-être n'en attend t'on rien, de cette droite, ce qui évite bien des déceptions?
On se dit que beaucoup vont souffrir, que ces malheureux vont se tourner vers les collectivités de gauche, et que l'on sera là, écopant l'eau du bateau qui coule, colmatant les brêches, comme toujours.
On est attéré par l'attitude consommatrice et individualiste de nombreux électeurs, on se console en constatant que les bien pensants de la pensée unique, ce ne sera plus nous,
On partage l'avis de DSK, on sait qu'il va falloir travailler dur pendant ces prochaines années pour réformer notre parti et son idéologie, mais on est pas dupe, on l'a vu venir, lui et les autres, avec leurs gros sabots d'éléphants.
On se dit que le candidat d'en face avait une longueur d'avance. Une machine politique parfaitement huilée, des dossiers aux petits oignons, un parti en ordre de marche, des dissidents muets. On ne peut pas dire qu'on ai été très doués méthodologiquement et on reconnaît que certains aspects de cette campagne ont été un peu brouillons...
On n'a pas toujours compris notre candidate et pourtant on est fiers de son instinct, de sa tenacité et de sa resistance face aux planches savonnées.
On se dit que l'on va en avaler des couleuvres, mais on se console en se disant qu'on entendra plus Nicolas Baverez et Jean Sévilla nous dire que tout va mal "ma pauv' dame",
On se dit que l'on a pas su convaincre les gens, mais on est content de ne pas avoir donné notre vote à un type, qui après avoir ponctué sa campagne d' "humilité" et d' "ascèse" se paie des vacances de milliardaire russe.
On se dit qu'avec un président se mettant en scène comme un people, on va avoir une bonne excuse pour abandonner notre abonnement au "Figaro" et au "Monde" au profit de "Voici".
On est aigri, on l'admet, mais on regrette que des jeunes se tirent une balle dans le pied en partant détruire des vitrines et en manifestant contre la démocratie.
On se dit que la première mesure de notre nouveau président a été de faire revenir Johnny Halliday en France, mais que les vols dans le sens inverse seront bien plus nombreux.
On est amer, mais on ne baisse pas les bras, jamais.
On regrette de ne pas avoir été plus présent auprès du petit Nounours, qui est bien malade maintenant, mais on ne regrette pas, on se dit que tout ce que l'on a fait, c'était aussi pour lui.


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Commentaires
L
Salut Holly,<br /> Moi aussi j'ai beaucoup pensé à toi dimanche dernier...<br /> Ton billet est très pro.<br /> Courage...<br /> Et bises
C
je trouve cela très juste ce que tu dis, ce n'est jamais facile de perdre quand on crois à ce que l'on fait, et que les enjeux dépassent de loin la simple satisfaction de la victoire....<br /> <br /> profite-bien du petit nounours<br /> <br /> co
M
J'ai pensé à toi dimanche soir. <br /> <br /> Quelques jour de repos pour profiter du petit nounours avant de repartir en campagne pour les legislatives, je suppose que ton programme doit ressembler à ça?<br /> <br /> Bon courage pour la suite.
H
par les résultats, oui. Par Royal, non, elle a fait ce qu'elle a pu.<br /> A droite, on verra pendant les cinq années à venir. Mais je crois que l'on est arrivé au bout du bout, c'est à dire une vraie droite.<br /> A gauche, il y a du pain sur la planche.
L
Pour une fois, un billet constructif sur la déception des 'royalistes' post-6mai... <br /> <br /> Après avoir lu tant de billets si peu respectueux du suffrage universel, je rends hommage à ton analyse de la situation! <br /> <br /> Tout reste à faire, à droite comme à gauche!
C'est ni fait, ni à faire!
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