Prison Break
L’autre jour, alors que j’échangeais sur la pluie et le beau temps avec quelques collègues (« Elle a le temps de glandouiller, celle-là ! », pensez-vous très fort. Si, si je le sais, ne niez pas ! En fait, j’étais invitée à une petite sauterie, appelée plus généralement « pot de départ ». Je déteste ce genre de manifestation et pour le coup, je n’avais pas du tout envie, là, de fêter le départ d’une collaboratrice précieuse. Mais bon, mon chef et le champagne ont eu raison de moi. Bref.)
Donc l’autre jour, alors que la conversation s’orientait vers le rayon puériculture (oui, je sais quand on a un bébé de six mois, on ne peut s’empêcher de vous aborder en vous parlant de poussette ou en vous demandant votre avis sur les tailles de couches, c’est un peu pénible, il est vrai, mais parler de sa 8ème merveille du monde, c’est assez plaisant tout compte-fait.), je révélais sans ambages que j’avais fait l’acquisition d’un parc.
Oups. La boulette.
La conversation aurait dû durer deux minutes, soit le temps de répondre à la question « ça va ? le petit nounours ne rampe pas partout ? » et en fait, je ne sais pas ce qui m’a pris de m’épancher sur le sujet, mais ma phrase à fait l’effet d’une bombe. Un véritable « coming-out », avec à coup sûr, une place de choix dans la logorrhée matinale des commères de l’étage.
« Quoi !!!!!!!!! Tu oses « enfermer » ton fils ? Si jeune ? Le pauvre… »
« Oh la la, je ne sais pas comment tu fais. Moi je n’ai jamais pu mettre mes petits dans une cage… »
C’est là que j’ai commencé à regarder mes chaussures et à ressentir une grande solitude.
L’image de collègue discrète, juste et loyale, que je m’étais forgée de longue date venait tout simplement de s’écrouler en cinq minutes.
J’ai tenté à plusieurs reprise de justifier mon choix, arguant, dans un discours ultra-sécuritaire (je m’étonnes moi-même parfois), de la difficulté de vaquer à quelques tâches ménagères avec un bébé dans les bras.
En rentrant dans mon doux foyer, envahie par le doute, j’ai tout de même observé attentivement le petit Nounours qui s’ébattait dans son parc, s’agrippant aux barreaux pour les mordre (avec sa seule et unique dent), rampant pour attraper ses jouets et laissant choir chaussettes et hochets par dessus bord.
Je n’ai pas eu l’impression que mon bébé soit particulièrement malheureux. Il faudra probablement qu’on en reparle quand l’adolescence s’emparera de ce petit bonhomme…
Si j’avoue à ces mères-la-morale, que je n’ai allaité que six semaines, vous croyez que je suis bonne pour une explication dans le bureau d’un inspecteur de la Direction des Affaires Sanitaires et Sociales ?